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jeudi 22 octobre 2009

Missions Salut et Guérison


C'est ainsi que se sont fait connaître à La Réunion et à Maurice les Assemblées de Dieu (ADD), dénomination pentecôtiste "classique" implantée au milieu des années 60 par un missionnaire des ADD de France, Aimé Cizeron (1916-2003). Dans ma thèse, soutenue en 1999, ainsi que dans l'ouvrage qui en a résulté, paru en 2002, j'avais supposé que le choix de ce nom résultait d'une stratégie des responsables de l'Action Missionnaire -  influencés, peut-être par l'expérience des ADD sur le continent africain -, dans le but de rendre le message évangélique plus attractif auprès de la population locale. De nombreux Réunionnais (ou Mauriciens) sont en effet encore communément en quête de recours thérapeutiques auprès des divers systèmes magico-religieux insulaires. Or, selon Raymond Pfister, auteur d'une thèse et d'un ouvrage très documenté sur le pentecôtisme en Alsace, les lieux de culte français des ADD se sont longtemps dénommés ainsi, ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui, la préférence en la matière allant à "Eglise évangélique de Pentecôte" ou "Eglise Evangélique" tout court (cf. "Les Assemblées de Dieu en Alsace, une expression classique du protestantisme français", 2000, accessible en ligne ici, note 19).

La raison en est probablement que l'association de ces thèmes du "salut" et de la "guérison divine" tenait une grande place dans les prédications de Douglas Scott.  Cet évangéliste anglais issu de l'Eglise d'Elim, auquel on doit la naissance des ADD de France au début des années 30 et par la même occasion le développement du pentecôtisme dans ce pays, a d'ailleurs écrit un ouvrage portant ce titre (publié en 1979 par les éditions Viens et Vois)...


Pour autant, si ce choix n'était pas, de fait, un "coup de génie" du pasteur Cizeron, à son arrivée dans l'océan Indien, puisque l'appellation était en usage également en métropole dans les débuts du mouvement, il est certain que l'emploi de ce nom, "Mission Salut et Guérison", en affinité avec les préoccupations locales, plus signifiant que "Assemblées de Dieu" ou "Eglises de Pentecôte", a contribué au succès des ADD à La Réunion (environ 20 000 fidèles revendiqués à l'orée de l'an 2000, soit 2,5% de la population insulaire. Peut-être moins aujourd'hui pour diverses raisons liées entre autres à la concurrence accrue dans le champ pentecôtiste charismatique) ou à Maurice (70 000 membres actuellement, soit environ 6% de la population totale pour 120 lieux de culte, selon le site des ADD mauriciennes, cf. ici, en sachant que le chiffre avancé comprend très probablement, à la différence de l'estimation pour la Réunion, les sympathisants et les enfants non-baptisés des fidèles).

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