Ma thèse de doctorat en ethnologie soutenue en 1999 sur la principale Eglise pentecôtiste à La Réunion, la Mission Salut et Guérison, n'abordait que très succinctement les autres mouvements évangéliques locaux ainsi que les groupes charismatiques catholiques en voie de développement dans l'île depuis le milieu des années 1970. Je suis ravi aujourd'hui de voir aboutir une recherche remarquable, s'appuyant sur une enquête de terrain très approfondie, comblant largement les lacunes de mon propre travail de l'époque. Cette thèse, que j'ai pu parcourir en partie, oeuvre d'une étudiante de l'Université de la Réunion, Valérie Aubourg, et préparée sous la direction du Pr Bernard Champion, s'intitule :
L’Église à l’épreuve du pentecôtisme. L’expérience religieuse à l’île de La Réunion
La soutenance aura lieu le vendredi 25 mars 2011 à 14 h, à l’Université de La Réunion (campus du Moufia). Faculté des Lettres et Sciences Humaines, bâtiment L.2, amphithéâtre 150.
Devant un jury composé de :
M. le Professeur Claude PRUDHOMME, Université Lumière Lyon II
M. le Professeur Jean-François ZORN, Institut Protestant de Théologie de Montpellier & Université Paul Valéry (Montpellier)
M. Yannick FER, Groupe Sociétés Religions Laïcités - EPHE/CNRS
M. Sébastien FATH, Groupe Sociétés Religions Laïcités - EPHE/CNRS
M. le Professeur Bernard CHAMPION, Université de La Réunion
Résumé :
Cette thèse porte sur les mouvements pentecôtistes-charismatiques qui se développent depuis une quarantaine d’années à l’île de La Réunion. L’importance particulière qu’ils accordent à l’émotion religieuse exerce un rôle pivot dans leur capacité d’attraction. Favorisant les preuves tangibles de l’agir divin au détriment des dogmes, ils concourent à l’imprécision des croyances et à la fluidification des itinéraires religieux, ils contribuent à la poussée des individualismes religieux, ils encouragent la scissiparité ecclésiale. En ces différents éléments, ils mettent l’Église à l’épreuve.
Néanmoins, une analyse fouillée de cette mouvance en société créole conduit à interroger cette relativisation des institutions, de la tradition, des médiations, dont elle se prévaut. Une enquête de terrain et le recueil d’entretiens mettent en lumière plusieurs facteurs paraissant construire l’expérience religieuse de type émotionnel :
- la situation socio-historique insulaire tout d’abord, ainsi que les dynamiques religieuses qui ont contribué à la formation de groupements pentecôtistes et charismatiques concurrents suffisamment distincts pour ne pas être assimilés à un même milieu ;
- les groupes auxquels les fidèles adhèrent ensuite qui codifient leurs pratiques et fabriquent leur « virtuosité » religieuse ;
- le temps enfin, en vertu duquel l’itinéraire des individus enregistre différentes phases d’intensité variable.
De ce fait, l’expérience religieuse est loin de rimer exclusivement avec effervescence, immédiateté, malléabilité. Elle comporte aussi sa part de régulation, de socialisation, de transmission. C’est au cœur de cette dialectique que s’inscrit cette étude en terre réunionnaise.
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Félicitations à Valérie Aubourg pour avoir mené à bien ce travail et tous nos encouragements pour sa soutenance!
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